La rivière Saint-Charles prend sa source sur le territoire de Québec, dans le lac Saint-Charles et se jette dans le fleuve Saint-Laurent, après un trajet de 32 km et la traversée de la ville de Québec. Son bassin constitue la principale source d’eau potable de la ville, ce qui en fait un élément fragile.

Cet article a été rédigé à la suite de la présentation de Mme Lucie GAGNE des services municipaux de la Ville de Québec, le vendredi 13 mars 2009.

Historique

Les rives de la rivière Saint Charles ont été occupées dès le XVIème siècle (Jacques Cartier y passa son premier hiver sur le territoire) et la rivière constitua une voie navigable. Soumise aux marées sur les trois derniers kilomètres de sa course (5m d’amplitude), la rivière constituait un corridor de migration pour les oiseaux migrateurs et elle possédait un écosystème particulier : des grues, des outardes, des bars, des saumons, etc. vivaient dans ses eaux.

Au XIXème siècle de nombreux chantiers maritimes sont développés le long de la rivière : Quebec était alors un centre important de construction navale. Cette activité industrielle intense a contribué à l’artificialisation des berges.

Au XXème siècle,  de nombreuses industries lourdes se sont implantées le long de ses rives, contaminant les sols. La rivière servait de dépotoirs à ciel ouvert pour de nombreuses activités, entrainant une dégradation visible de son milieu. Dans les années 50, l’un de ses méandres fut comblé sur un kilomètre, dans l’actuel Parc Victoria, afin de gagner des terrains constructibles.

Dans les années 70, les premiers projets de revitalisation sont mis en place : un projet de parc linéaire a été développé afin de réguler le cours  de la rivière, créer des promenades et isoler les sols contaminés de l’eau. Un bétonnage systématique des berges a alors été réalisé. Le phénomène de marée a ainsi disparu.  Pour assainir la rivière des collecteurs de type unitaire furent installés le long des berges pour recueillir les eaux pluviales et les  rejets d’égouts.  Malheureusement des débordements d’eaux usées des égouts de la ville avaient régulièrement lieu lors de la congestion du réseau, pendant les fortes pluies notamment. Ces débordements  pouvaient se produire près de 60 fois dans l’année déversant près de six milliards de litres d’eaux usées dns la rivière.
Les berges de la rivière n’étaient que peu appropriée par la population : les promenades sur les quais étaient peu sécuritaires, les placettes en béton non attrayantes …

La redynamisation de la rivière Saint-Charles

Dans les années 90, l’aménagement des rives de la rivière fut remis en cause. En 1995, est créée la Commission de Mise en Valeur de la Rivière Saint-Charles avec pour objectif majeur de contrôler les débordements des égouts en installant des réservoirs de rétention d’eau sous les espaces verts. 14 bassins de rétentions furent construits le long de la rivière pour réceptionner les eaux usées et les acheminer veres la staton d’épuration. 90% des débordements dans la rivière ont ainsi pu être éliminés.

Le second objectif de la commission était de redonner un écosystème naturel a la rivière sur près de 4 km. De 2005 à 2008, de nombreux travaux ont été réalisés. De nouvelles berges ont été aménagées en empiétant en partie sur le lit de la rivière. Les parapets en béton, les pavements de granites et les contreforts existants ont été démolis sur huit kilomètres. Les gravats furent réutilisés dans d’autres projets urbains comme soubassement pour des pistes cyclables, la réalisation de murs anti-bruits ou la création d’accès pour la mise à l’eau  des canoës. Les déblais furent utilisés pour le soubassement des structures de berges.

rives de la rivières saint charles avant renaturalisation, photo prise par la ville de quebec   après renaturalisation de la rivière saint charles, photo prise par la ville de quebec
Avant renaturalisation   Après renaturalisation

Source :  Ville de Québec

L’écosystème a pu être recréé grâce à la réalisation d’un marais, l’installation d’un herbier aquatique, l’installation de perchoirs pour oiseaux à partir des arbres qui ont dû être abattus, redonnant ainsi  un caractère naturel à la rivière. Les essences indigènes ont été privilégiés afin d’éviter l’implantation de plantes envahissantes : 500 arbres, 100 conifères, 1500 arbustes et de 20 000 plantes herbacées ont ainsi été plantés. Une gestion écologique des pelouses a également été mise en place. Les installations semblent porter leurs fruits : de nombreuses espèces d’oiseaux comme le cormoran ou le héron se sont réappropriées les berges depuis 2005.

Un espace vivant et dynamique

Des pistes  cyclables et un cheminement piétonnier ont également été aménagés. Le sentier pédestre remonte sur près de 30 km le long de la rivière. Afin de faciliter l’appropriation de cet espace par la population, des panneaux  explicatifs ont été disséminés tout le long du parcours.
Un concours d’artistes a permis la naissance d’œuvres d’art installées le long des berges: 10 sculptures d’oiseaux de bronze créés par l’artiste viétnamien Truong Chanh Trung, trois bancs réalisés par Luce Pelletier, Frédéric Caron et Ludovic Boney.

oiseau de bronze de l'artiste vietnamien Truong Chanh Trung, photo prise dans le parc linéaire de la rivière saint charles, photo prise par la ville de quebec

Oiseau de bronze de l’artiste vietnamien Truong Chanh Trung

Source :  Ville de Québec

Les quartiers bordant la rivière Saint Charles ont vu leur développement économique croître suite aux nouveaux aménagements. De nouveaux commerces et des résidences se sont construits. Des activités sont organisées le long des rives. Ainsi, une descente en canoë est organisée tous les ans du lac vers Quebec.

L’un des enjeux futurs reste une amélioration assez significative de la qualité de l’eau pour permettre à nouveau des activités ludiques comme la baignade.

photo d'une descente en canoë de la rivière saint charles avec vue sur la ville de Quebec (image prise par l'association "Rivière Vivante") © "Plam" & "Ian", 2001

Descente en canoë de la rivière Saint Charles

Source : association Rivière Vivante

 

Maud BENARD